söndag 6 augusti 2023

NOTRE COMBAT

Notre combat est des plus hardis mais aussi des plus exaltants. Nous le continuerons en restant unis dans la détermination et dans la fidélité à notre devoir historique que consolide chaque jour davantage la somme de nos souffrances communes et individuelles cimentées par le sang versé par nos martyrs depuis Walata, depuis Jreida, Inal, Nbeyka, Azlat, Sorimalé et dans toute notre vallée devenue une vallée des larmes et du sang.

La Mauritanie a besoin de tous ses fils et filles dignes, patriotes et honnêtes qui refusent cette oppression raciale et culturelle érigée en règle de gestion du pays.
Nous devons nous persuader - c'est vital pour nous et pour ce pays - que la voie choisie jusqu'ici était dangereuse et sans issue!
« Une nation ne pouvait vivre moitié libre, moitié esclave»; elle ne pouvait non plus se construire avec des citoyens à-démi et des citoyens à part entière.
Pour éviter à notre pays le démembrement( pour dévaliser les putschistes de juillet 1978) il faut agir vite et maintenant. Il faut se surpasser pour outrepasser l'impasse.
Il nous faut nous ressaisir, il est encore temps !
Que le bon Dieu guide nos pas et nos actes sur le bon chemin.
Et la lutte continue!
Kaaw Touré.

DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L´OUBLI: Ma première nuit en prison .


Palais de justice de Kaëdi, Jeudi 6 novembre 1986, notre première nuit en prison, une date et une histoire.
Après une semaine de garde à vue, d'interrogatoire et de tortures physiques et morales dans les locaux de la gendarmerie, un matin du 6 novembre 1986, à 5 jours de mon anniversaire de naissance, nous voilà réveillés très tôt menottés et enchainés comme des criminels ou des petits terroristes. Nous sommes embarqués dans des voitures de marque Land Rover et amenés devant le juge d´instruction et le procureur du palais de justice de Kaëdi, tous deux beydanes (maures blancs, un frère musulman et un baathiste) qui n´avaient même pas hésité à nous notifier un mandat de dépot et à nous expédier illico-presto à la prison civile de Kaëdi (camp de la garde) après quelques petites questions sur les PV. Ils nous inculpèrent avec des chefs d´accusation de :
" trouble à l'ordre public, participation à une manifestation non autorisée et membres d´une association illégale et non reconnue..."(le ridicule ne tue pas).
Dix neuf prisonniers dont une femme notre cousine Ramata Mamadou Siba Sow, seront inculpés et les autres libérés.
Sortis du palais, on voyait tous nos parents, amis, camarades, des ressortissants de Jowol à Kaëdi et autres Kaëdiens venus nous soutenir devant le palais de justice et on les saluait de loin par des poignées de main avec des V de la victoire. On voyait de loin des femmes pleurer avant que notre camion militaire ne s´éclipsa en vitesse pour se diriger vers le camp de la garde de Kaëdi, notre futur lieu de détention.
Une fois le portail de la prison civile ouvert et franchi, nous sommes accueillis par des centaines de prisonniers de droit commun, qui nous attendaient apparemment; tous noirs à part deux maures blancs écroués pour vol de chameaux. Ils nous applaudissaient. Entourés par une vingtaine de gardes pénitenciers bien arméé, ils nous ont souhaité la bienvenue dans cette "maison des Hommes "nous disaient-ils.
Saisi par un sentiment de révolte et de colère aussitôt j'ai regardé mon frère, compagnon de fortune et complice Ousmane Toure et j´ai entonné à haute voix notre chant anti-apartheïd écrit par notre poète Aamadu Sammba Demmbele et il a répondu au refrain avec un autre camarade Aliou Mamadou Sow qui était à nos côtés et les autres camarades nous ont suivi en choeur :
1.O dunya jamfiima heewɓe
2. Won jaloo6e kono won woyooɓe
3. Aduna jamfiima heewɓe
4. Nde ƴellitaare roondii boomaare
5. So gooŋɗi tan ko konngol joom doole
6. Ndeen goonga jom goonga yoolee
7. Min cikkatno waawde ko waawande
8. Min mbaɗno tan baawɗo ko balloowo
9. ndeke wona ɗum baawɗo ko baroowo
10. Min njanngiino e defte maɓɓe
11. Waawi wara ko majjere moƴƴaani
12.Nanngu- war ina duñtee ñifaani
13. Gila laamu Wosteer e Botaa
14. Cañi apartaayd ɓaleeɓe njootaa
15. To faggudu e dawrugol e janngde
16. Winndere woytiima, hoohooɓe kaalii
17. Winndooɓe e yimoove ndeƴƴaani
18. Nanngu war ina duñtee nyifaani
19. Jaambareeɓe men njantinaani
20. Mandela ko yeru burɗo laabde
21. Mandela ko yeru burɗo laabde
22. Bikkittooɗo hannde e geƴƴelle
23. Kalifaandi wonaa ndi callalle
24. Halfatee ko ɓernde e hakkille
25. Halfatee ko ɓernde e hakkille
26. Ɗum noon woori jaambareeɓe.
27. O dunya jamfiima heewɓe
28. Won jaloove kono won woyooɓe
TRADUCTION:
1. Ce monde a beaucoup déçu,
2. Certains rient tandis que d’autres pleurent
3. Ce monde déçoit beaucoup
4. Si le progrès est confondu avec la calamité (le massacre)
5. Si seuls ont raison les plus forts
6. Alors le droit des faibles sera à jamais bafoué (noyé)
7. Pour nous, le plus valeureux est celui qui est plus utile, celui qui donne aux autres ce qu’ils ne peuvent pas avoir.
8. Dans notre entendement, le plus fort aide les faibles
9. Or ici, le plus fort est celui qui tue les autres
10. Nous avons bien lu dans leurs livres, la maxime selon la quelle:
11. "La raison du plus fort relève de l’obscurantisme."
12. Alors que dans la réalité ils attisent le feu du massacre.
13. Depuis que WOSTER et BOTHA sont au trône (allusion faite au règne de Mouawiya et les siens).
14. Et ont tissé le système d’apartheid, tout a manqué aux noirs
15. Dans les domaines économique, politique et éducationnel
16. L’univers s’est plaint, les personnes de renommée internationale se sont prononcées
17. Les chanteurs et les écrivains ne se sont jamais tus
18. Mais eux, ils continuent à attiser le feu du massacre
19. Nos combattants n’ont jamais baissé les bras
20. Mandela est l’exemple le plus patent
21. Mandela est l’exemple le plus patent
22. Il se débat actuellement dans sa prison
23. La domination n’est pas engendrée par des chaines
24. La vraie domination est celle du cœur et de l’esprit
25. La vraie domination est celle du cœur et de l’esprit
26. ce ci n’est jamais le cas de nos combattants
27. Ce monde a beaucoup déçu,
28. Certains rient tandis que d’autres pleurent.
Ce chant de révolte en pulaar était un réquisitoire contre le pouvoir raciste mauritanien. Je me souviens aussi que pendant mon interrogatoire à la gendarmerie, ils m'ont trop demandé sur le sens et la signification de ce poème parce qu´ il a été aussi repris en choeur pendant notre grande manifestation contre le pouvoir de Taya à Jowol dans la nuit du 27 octobre 1986 et c'est moi qui chantait et les autres manifestants le reprenaient appuyés par les échos des collines du village et du fleuve pendant la nuit.
En reprenant ce chant engagé on voulait défier le pouvoir sur son propre terrain (la prison) pour lui dire qu´on était prêts à payer le prix et " ko kalifaandi wonaa ndi callalle, halfatee ko bernde hakkille" autrement "on ne peut soumettre quelqu´un par des chaînes mais par la domination mentale". Nos gardes étaient médusés par notre provocation et notre audace. Certains de nos geôliers négro-africains ne cachaient pas leur sympathie en notre égard et nous réconfortaient par des mots très encourageants.
" Wallaahi ko on ngenndiyankoo6e, wallaahi ko on jaambaree6e, woto kulee woto kersee" ( Vous- êtes des vrais patriotes, vous- êtes des héros, n'ayez pas peur, ni honte de votre emprisonnement on est ensemble).
C´était une petite page dans cette histoire et dans cette longue lutte contre le Système. 6 novembre, je me souviens toujours, j'avais 18 ans et qui faisait de moi, pour la petite histoire le premier plus jeune prisonnier politique du colonel ould Taya.
37 ans après nous continuons la lutte avec la même conviction et la même détérmination sans prendre rides.

LLC!
Kaaw Touré.

måndag 31 oktober 2022

DEVOIR DE MÉMOIRE SUR NOS ANNÉES DE BRAISE: Mes nuits d'interrogatoires à la gendarmerie.(Suite)


Arrivés à Kaëdi ils nous débarquent à la brigade de la gendarmerie située dans le quartier dit Moderna non loin de l´ancienne maison des jeunes. Je vois mon mentor en politique et oncle Ibrahima Mifo Sow sortir d´une salle d´interrogatoire avec ses longs cheveux non peignés, tenue sale, la fatigue et

l´insomnie se lisaient sur son visage. De l´autre côté nous voyons notre camarade Dia Alassane Aly dit Diaz isolé seul dans une cellule. Il nous voit d´une porte entre-ouverte et me salue d´un signe lointain, menotté, il me montre son dos sanguinolent. On commencait déjà à avoir une idée sur le calvaire qui nous attendait.
Après quelques minutes de concertations entre les geôliers nous sommes embraqués à nouveau pour une autre destination inconnue, c´était la compagnie de gendarmerie de Kaëdi. On y retrouve entassés dans une petite salle, sale, obscure les détenus de la 1ère vague du 28 octobre.
Ce fut des petites retrouvailles, ils nous demandaient sur les nouvelles du village et nous les demandions sur la situation dans le cachot, nous posions des questions sur leur détention et de leurs interrogatoires. Ils nous informèrent que les questions récurentes tournaient autour de la manifestation du 27 octobre, notre relation avec les Flam et des noms de certains activistes négro-mauritaniens militants des Flam recherchés toujours par la police politique.
Beaucoup de détenus me disaient qu´on leur a posés des questions sur moi et que je dois me préparer à un "interrogatoire très musclé" ( entendez des tortures) parce que la gendarmerie savait déjà que je faisais partie des initiateurs et dirigeants de la marche.
Comme de rien n´était on continuait à causer normalement et à plaisanter entre nous. Le commandant de la compagnie de la gendarmerie lieutenant Leytou Ould qui passait vers son bureau entend nos rires et rentre très furieux dans notre cellule et frappe avec toutes ses forces la porte et crie sur nous et demande à ses subordonnés de récupérer tous nos effets personnels, turbans, grands boubous, montres et nous balance : ”C´est fini les vacances, vous-êtes en prison, je ne veux plus entendre aucune voix ou bruits ici ” et sort préciptamment accompagné de ses gorilles ou subordonnés. Après sa sortie, loins d´être intimidés on continue à se regarder et à sourire. Certains tentaient de l´imiter et de se moquer de sa posture autoritaire.
On continue la soirée calmement mais dans l'angoisse totale. Ibra Mifo Sow était toujours à l´interrogatoire comme mon cousin Ba Mohamed Abou dit prof. La nuit tombe, certains dormaient et d´autres nagaient dans des pensées interminables et autres méditations profondes et se croyaient même oubliés mais à notre grande surprise vers 3 heures du matin, aux heures du crime, on entend des bruits de bottes et des gendarmes qui frappaient notre porte et criaient à haute voix : ”Réveillez-vous, réveillez vous, tous les nouveaux détenus dehors!”. On sort et on trouve le grand camion qui nous attendait devant la porte. On nous embarque encore pour la brigade de la gendarmerie situé au quartier Moderne de Kaëdi pour des séances d´interrogatoires.
Débarqués nous sommes tous dévêtus, ils enlevèrent nos bagues, bracelets, montres, chainettes, cigarettes, ils récupèrent notre argent, ils prennent tout et nous jetent dans une petite piaule sans aucune fénètre, ni éléctricité. Comme des malfrats nous sommes entassés comme des sardines dans l´obscurité totale et personne ne reconnaissait son voisin s´il ne parlait pas. A moins d'une demi heure, nos sueurs comme une pluie remplissaient les bouts du perron en eau. On respirait difficilement et sur le coup un de nos camarades A.G. W tombe en syncope. On appelle les gendarmes pour venir au secours. Ils le sortent et le couchent devant la cellule et commencent à l'éventer par des turbans et des cartons.
Chacun de nous souhaitait aller à l´interrogatoire en premier pour sortir de la piaule et respirer un peu de l'air pur dehors. Par hasard je fus convoqué le premier avec Ousmane Amadou Kane et Thiaylé Sow pour la grande confrontation avec les enquêteurs.
Je trouve le commandant de la brigade le MDL chef Ould Bamba un maure blanc avec un autre MDL négro-africain du nom de Thiam D originaire de Dioudé. Le commandant me regarda longuement et pensait certainement à avoir avec un poids plume et demanda à Thiam de s'occuper de mon interrogatoire et qu'il voulait fumer et humer un peu de l'air.
Thiam commence par des questions simples sur mon identification. Il me demande mon nom, je lui donne celui qui est sur mon état civil Mouhamadou tout en refusant de décliner mon sobriquet le plus populaire et le plus connu, Kaaw.
Après l´identification de mes parents et de ma profession, il me demande si j´ai participé à la manifestation, je réponds par l´affirmatif et il enchaine sur les motifs de notre manifestation. Je lui dit que
c´était une manifestation spontanée en guise de protestation à l´arrestation arbitraire de nos camarades.
Il avait avec lui une liste à côté et il me demande si je connaissais certains des noms comme Amadou Alpha Ba, Ibra Mifo Sow, Pr Seydou Kane, Elhadj Sidi Ngaïdé, Modi Cissé, Asset Hamadi Sall et ….Kaaw Touré …moi même!
Je réponds que je les connais tous parce qu´ils sont mes oncles et amis. Quant à Seydou Kane, je lui réponds par: ”Mais qui ne connait pas Seydou Kane en Mauritanie?". Et pour le dernier nom sur la liste, je connais bien Kaaw Touré car il s´agit bien de moi en chair et en os.
Surpris et étonné il me dit en pulaar:
”Ko aan woni Kaaw Touré ”( c´est toi même qui est Kaaw”, je lui réponds par:
" Ko miin tigi woni Kaaw" (Oui c´est moi même Kaaw) et il crie en hassaniya à son chef :
”Chef, arraay Kaaw, il est là ”(chef viens voir Kaaw, il est là).
Je voyais la joie transpercer ses yeux et il était content d´avoir mis la main sur un "Abou Nidal ”.
Son chef ould Bamba qui était parti pour fumer revient vite et n'y croit pas. Il m´ausculte de haut en bas et
s´assied sur sa table et appelle deux autres gendarmes dont un certain Hammady.
Il me demande de me déshabiller le pantalon et de ne laisser que mon calechon. Il donne l´ordre à ses sujets de me mettre les menottes, de les serrer et de
m´attacher par derrière.
Il commence d´abord par un petit cours de moral à mon égard lorsqu´il avait vu que j'étais élève en classe de Terminal et que je devais passer le BAC à la rentrée scolaire. Il me dit par une voix paternaliste que je me trompais de combat et que je suis jeune et que je devais me focaliser sur mes études avant de penser à la politique. Il rajoute que les dirigeants Flamistes qui nous manipulent ne sont que des simples cadres mécontents et que le manifeste
n´était qu´un simple chantage et du mensonge grossier et qu'il n' y avait pas du racisme en Mauritanie. Il promet de me libérer si je lui disais tout et toute la vérité. Je ne l´écoutais même pas et je maintenais ma position en refusant toute collaboration avec eux.
Il me repose la question: Avez-vous participé à la manifestation?
À suivre.
Kaaw Touré.
NB: photo prise en 1987 à Kaëdi après notre sortie de prison

DEVOIR DE MÉMOIRE SUR NOS ANNÉES DE BRAISE :LE 30 OCTOBRE 1986, LE JOUR DE MON ARRESTATION À JOWOL!


Dès l´aube de la journée du 30 octobre 1986 avant la prière de fadjr notre maison familiale, celle de l'Imam, était déjà encerclée par une vingtaine de gardes et de gendarmes bien armés venus surveiller nos déplacements. Toute la nuit certains inconnus enturbannés rôdaient autour de notre domicile.

Vers 7 h du matin un adjudant chef maure accompagné de deux gardes armés jusqu´aux dents rentrent dans notre maison et saluent mon père qui était assis sur un tapis de prière et écoutait son transitor et lui disent qu´ils sont venus pour me chercher. Il leur demande d´attendre dehors pour qu´il m´en informe. Il rentre dans notre appartement où
j´étais assis à côté de ma mère et de mes petits frères et soeurs et je venais tout juste de finir mon petit déjeuner.
Il me dit en pulaar : ”Be ngarii” (ils sont venus) parce que j´attendais depuis quelques jours à leur arrivée et à mon arrestation depuis notre manifestation contre le régime militaire. J´embrasse ma mère, mes petits frères et soeurs, je leur dit aurevoir. Je sors et trouve les hommes armés devant la porte et ils me demandèrent de les suivre. Ils m´encerclent en ”sandwich”, je sors chez moi sous le regard hagard et inquiet de mes parents, oncles, soeurs, frères et tantes tous sortis regarder la scène. Ma maman en colère les lance quelques piques et quolibets à haute voix: " Vous n'avez pas honte de mobiliser toute une armée pour prendre un gosse de 18 ans?" Balance t- elle, les dernies mots que j'entendais avant de sortir chez moi.
On se dirige vers la maison d´un autre camarade qui était sur la liste Diallo Samba Hamma, ils ne le trouvent pas chez lui et ils demandent à son père de les suivre comme son fils était absent c´est à lui de prendre sa place, crime de lèse majesté ou de parenté!
Un zélé gendarme du nom de AbouThioub, un métisse hartano-pulaar originaire de Kiffa lui parlait avec impolitesse et arrogance, nous donne des coups de crosse pour nous demander de courir. Nous trainons les pieds tout en marchant, ils nous donnaient des coups de pieds et ils nous amènent à la base militaire de circonstance située à "Toulel Tabaldé", notre terrain du football. Ils nous déposent et répartent à la recherche des autres camarades qui sont sur la liste. Aussitôt arrivés ils nous demandent de faire des mouvements abdominaux. Au même moment arrivent dans leurs filets mon petit frère âgé à peine 14 ans Baba Oumar Touré et Samba Hamma Diallo en personne. Je demande au vieux Hamma Diallo de dire que son fils est là pour qu´il soit libéré. Samba
s´annonce et ils libèrent son père. Mon petit frère Baba sera aussi libéré plus tard avant notre transfert à Kaëdi dans la journée.
Le comble de l´indignation des villageois c´est
lorsqu´ils sont partis à l´ècole arrêter le directeur de
l´école élémentaire, le vénérable homme de Dieu, notre grand-père feu Elhadj Abou Malal Ba, un homme pieux et très respecté dans le village et dans toute la contrée. Ils l'ont fait courir de l´école jusqu´à la base militaire pour le seul crime qu´il était l´oncle paternel de Amadou Alpha Ba, un des flamistes recherchés qu' ils n´arrivaient pas à mettre la main. Un autre "crime de parenté" qu'on ne trouve apparemment qu'en Mauritanie !
Ils arrêteront et feront courir aussi une autre femme enceinte qui était à terme de ses mois et qui n´avait rien fait sinon d´avoir eu le courage d´exprimer à haute voix son indignation face à leurs agissements ignobles contre le vieux marabout et les jeunes arrêtés.
En une seule journée plus d´une trentaine de jeunes sont arrêtés et regroupés à "Toulel Tabaldé" transformé à l´occasion en camp de détention avant notre embarquement vers midi dans des camions militaires pour la brigade et la compagnie de gendarmerie de Kaëdi à 18 km du village natal.
Dans le camion militaire on remarquait déjà le mécontement de certains gardes négro-africains qui exécutaient l´ordre de leurs supérieurs malgré eux. En passant au marché du village les femmes nous applaudissaient et exécutaient des chants d'hommage en notre honneur, nous répondions par des V de victoires et des sourires malgré l´escorte et la présence de nos gardes pénitenciers.
Loins d´être intimidés, on causait et plaisantait et certains disaient qu´on allait aux obséques de l´ancien dirigeant historique du mouvement de libération le Frelimo et président mozambicain Samora Machel qui venait de décéder dans un crash d´avion le 19 octobre de la même année dans le territoire Sud-africain à quelques centaines de mètre du territoire mozambicain.
LLC!
À suivre.
Kaaw Touré.
NB: Photo prise à Kaëdi en 1987 après ma sortie de prison.

onsdag 19 januari 2022

Ko mi ɓaleejo/ Noir je suis.

 Ko mi ɓaleejo/ Noir je suis.


Noir je suis. Je  ne me gorge pas de sang.
Noir je suis. Je ne suis pas né au monde les dents  acérées.
Noir je suis. Rebelle aux brimades  et exactions.
Noir je suis. Comme les paumes noircies à la poudre d’explosifs

Noir aux vues et pensées aiguisées je suis.
Un de ces résolus je suis.

Noir, noir comme une souche consumée

Au loin,  je suis buisson d’acacia albida
De près, un chaudron à l’assise noircie.
Noir couleur d’ébène je suis.

De ma couleur je suis fier.
Je suis de ceux-là qui n’espèrent que de leur labeur

De ceux qui préservent  le sang des indigents.
Leur sueur, jusqu’à la fin, je respecte.

Je suis un de ceux-là qui sont déterminés.

Toute instrumentalisation, jusqu’à la résurrection, je refuse.

Chaussé pour l’égalité, j’endosse.

La hache de la culture, je porte.
Je suis de ceux qui traquent la vérité  dans  les recoins sous les  tentes,  et les tréfonds des greniers.

De ceux qui convertissent les terrains vagues de l’ignorance  en terrains de jeu du savoir.
Naguère bête de somme à l’encan.

Hier, vendu, échangé et martyrisé sans raison.

Qu’ils comprennent désormais  sans aucune équivoque.

Qu’en semblable le Noir s’est mué en  chercheur et critique. 

 Chercheur affuté et tatillon                                                
 Scrutateur, transformateur, éveilleur.
Le temps des siphonneurs de sang est révolu
 L’étoile du Noir brille au firmament
 Puisse-t-elle scintiller jusqu’à la résurrection.

Et la lutte continue !

Kaaw Touré.

Extrait de mon recueil de poèmes en pulaar "sawru gumdo"(la canne de l´aveugle).

"DIPLOMA-SCIE" ETHNO-GÉNOCIDAIRE, LA MAURITANIE N'EST PAS QUE BERBÈRE ET ARABE!


J'ai été très choqué et indigné de découvrir encore sur la toile que certains frères et soeurs africains ne savent même pas qu'il y a des Noirs, Haalpulaar(Ful6e), des Soninko, des Wolofs, des Bamana... en Mauritanie. Oui, des Noirs qui sont des Mauritaniens authentiques, de souche, d'origine et non des simples fils des immigrés Ouest-africains! Apparemment ils ignorent complétement, comme ce journaliste arabe commentateur sur beinsports du match Mauritanie contre la Gambie, l'histoire du peuplement, des empires et autres royaumes traditionnels dans notre sous région.

Il faut reconnaitre aussi que la politique raciste de la diplomatie mauritanienne a si bien réussi que partout dans le monde on croit que la population mauritanienne est à 100% maure (Bidhane) et que la Mauritanie doit rimer avec mauritude!
Quel est le noir mauritanien membre d'une délégation, étudiant à l'étranger qui n'a pas été victime de cette méprise dans certains pays? " Vous êtes mauritanien , vous êtes arabe?" ou "Vous êtes "Naar", donc vous parlez arabe ou hassaniya"!!!
Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, la Mauritanie actuelle est une création artificielle du colonisateur français et elle se situe sur les ruines de l'ancien Tekrour, Ghana, Fouta , Waalo, terres où se sont créées, puis individualisées et developpées ces nationalités négro-africaines( pulaar, soninké, wolof, bambara, sérère...). Oui, la Mauritanie n'était pas terra nullius avant l'arrivée des Arabo-berbères!
En réalité si on se réfère à l'histoire la population noire est autochtone et tout tend aussi à prouver qu'elle est majoritaire en Mauritanie. Nous n'en tirons pas naturellement prétexte pour exiger l'installation d'un pouvoir exclusivement noir à Nouakchott. Et comme nous le soulignions dans notre historique "Manifeste du Négro-mauritanien opprimé" de 1986, pour les Noirs, le fait d'être majoritaire et de se référer à une antériorité de l'occupation ne suffisent pas pour contrôler ce pays. L'Afrique du Sud sous l´Apartheïd était un exemple édifiant. Les Afrikaners sont d'origine européenne. Ils représentaient 3 millions sur les 25 que comptait le pays. Mais, ils sont arrivés à dominer celui-ci par le moyen de la violence politique, policière, militaire et par la domination économique et c'est la même politique inique et cynique qui est appliquée aujourd'hui en Mauritanie dans le silence et l'indifférence de la communauté internationale et africaine.
Nos frères et voisins africains attendront certainement comme disait l'autre, le jour où les européens ou américains, en panne d'une bonne cause à défendre dénonceraient enfin ce qui se passe dans ce pays si proche, alors bien sûr ils feront les choeurs. Et nos artistes trouveront subitement l'inspiration, nos poètes leurs muses, nos griots dépoussiéront leurs koras, nos journalistes leurs plumes, nos panafricanistes et "droits de l'hommistes" leurs voix, pour chanter les vaillants HÉROS assassinés dans les geôles de l'État raciste à Oualata, Djreïda, Inal, N'beyka et à Azlat , s'indigner de cette belle négritude bafouée et dénoncer enfin cet autre Apartheïd au coeur du Sahel.
Notre souhait le plus absolu serait que ces questions de couleur, de pourcentage passent au second plan pour laisser place aux seuls critères de compétence et de patriotisme.
Et comme je le souligne très souvent : Elle est belle la Mauritanie quand elle est en harmonie et assume avec fierté sa diversité et ses identités!
Ebène et sable en harmonie, Noirs et Beydanes unis, tu revivras ma Mauritanie.
Demain il fera jour et la lutte continue!
#Kaaw Touré

onsdag 3 november 2021

MA RENCONTRE AVEC FEU HABIB OULD MAHFOUDH


Habib, Je l´ai rencontré pour la première fois et connu un certain jour de printemps à Dakar en 1994 à l´hôtel Miramar avec d´autres journalistes mauritaniens de passage dans la capitale sénégalaise. Je l´ai "connu" avant cette rencontre à travers ses écrits courageux, son style exceptionnel et je l´avais adopté dans mon coeur. On s´est fixé un rendez-vous pour discuter, échanger sur la Mauritanie. Je lui ai remis plusieurs exemplaires du "Flambeau" notre journal et plusieurs déclarations et publications des FLAM pour qu´il s´imprégne de notre littérature, de notre vrai discours pour ne pas tomber dans la propagande de nos détracteurs et adversaires politiques de l'époque.

J´ai découvert un homme peu bavard, sympathique, chaleureux, toujours souriant. Il m´écoutait avec respect et attention. Il parlait peu, il fumait beaucoup, toujours souriant, il haussait la tête pour ne pas m´interrompre. A la fin il me dit : "Kaaw , je t´ai écouté et entendu et je partage entièrement toute votre analyse. Il y a du racisme d´Etat dans notre pays, je l´ai toujours écrit et dénoncé dans notre journal. J´étais le premier journaliste mauritanien à écrire sur les massacres au sein de l´armée en 1990, de la mort de vos camarades à Oualata, on me prend d´ailleurs pour un maure flamiste, ce sont des imbéciles et des incompétents qui nous dirigent".
Il partageait nos analyses sur la question nationale et sociale en Mauritanie. Aucune résérve, j´étais surpris et étonné par ce "maure" pas comme les autres et qui n'a jamais mordu à la campagne malhonnête et mensongère contre notre organisation. ! Et pour le taquiner, je termine par : "Habib, prends alors ta carte de flamiste avant ton retour au pays ". Il me répond avec la boutade : "Je suis déjà un FLAMISTE de coeur, parce que votre lutte est juste". Ensuite il me raconta toute cette campagne anti-flam menée auprès de la communauté beydane qui nous prenait pour" des diable et des extrémistes".
Il n´avait pas peur des FLAM et des flamistes, mieux il nous comprenait parfaitement et n´avait pas des préjugés sur nous. Il me confia aussi qu´il avait des anciens promotionnaires et amis flamistes et il me demanda leurs nouvelles. J´ai admiré son indépendance d´esprit et son humanisme. N´était-il pas d'ailleurs le premier journaliste mauritanien à révéler les atrocités subies par la communauté négro-mauritaniens dans un historique article paru dans ALBAYANE mais censuré par le pouvoir :"Arabes-Négro-africains: Faillite d´un mariage de raison" était titré le dossier , si j´ai bonne mémoire?
Après une longue conversation dans sa chambre
d´hôtel, on s´est échangé de coordonnées et il m´a promis de sortir tous nos communiqués et me demanda de lui envoyer régulièrement toutes nos publications et déclarations de presse.
Après notre entrevue il m´accompagna à la salle de réception parce que je devais rencontrer deux autres journalistes mauritaniens en l´occurrence Moussa Ould Abdou du journal Albayane et Ahmed Aly Ould Jiddou et devant eux Habib avec une plaisanterie, me dit: "Kaaw, fais attention avec ces jeunes hommes, Moussa est un ancien Mnd reconverti et Ahmed un ancien officier baathiste". Et on éclata de rires. C´est de cette belle et chaleureuse image qu'on s'est quitté et que je garde toujours en mémoire. Un grand sourire.
On avait maintenu le contact après son retour au pays. Je lui envoyais régulièrement, comme promis, toutes nos publications et le Calame fut censuré un jour à cause d´une longue contribution des Flam, en réponse à l´article "dialogue processuel" du MND-UFP signé par Mohamed Ould Maouloud et Ba Boubakar Moussa, que nous avions intitulé: "Le MND , de la lutte des classes à la lutte des places".
Habib, tu es parti mais jamais mort. Comme pour marquer l´évènement douloureux et sa particularité tu nous quittes à la veille du Toussaint, la fête des morts! Même avec la mort tu resteras toujours anti-conformiste?
Comme je le disais impuissant en juillet 1998 après
l´annonce de la mort d´un autre ami, le journaliste Sennen Andriamirado; J´avais pointé mes yeux vers le ciel, dépité, j´avais lancé : "Qui sauf DIEU pouvait commettre un tel "crime"et rester impuni ?".
Voilà l´Eternel qui récidive avec vous !
Mais en bons croyants nous disons: "A DIEU NOUS APPARTENONS ET A LUI NOUS RETOURNONS". Mais sachez que nos morts ne sont pas morts comme disait le poète Birago.
Habib, un homme qui répondait et correspondait bien en son prénom, qui exprime l´amour le grand coeur et la sincérité. Tu étais unique dans ton univers, tu laisseras un grand vide, difficile pour ne pas dire impossible à combler.
Tu mérites toi aussi de cet hommage patriotique aux martyrs de la libérté : "ta vie fut combattante, ta mort héroïque, ton sacrifice sacré et ta mémoire éternelle".
Habib, certs tu ne seras pas là demain au grand rendez-vous de nos rêves:"la Mauritanie libérée et réconciliée" mais tu seras là présent dans nos mémoires, dans nos coeurs et pensées et la patrie libre te sera reconnaissante.
A qui adresser nos condoléances ? Au Calame? À la presse mauritanienne? Aux démocrates mauritaniens? Au peuple mauritanien? A QUI?A tout ce monde sans doute.
Adieu notre Habib. Non, je veux dire aurevoir.
Et la lutte continue. Kaaw Touré dit Elimane Bilbassi.
Emmaboda le 01 novembre 2001

LA MAURITANITÉ NE DOIT PAS RIMER AVEC MAURITUDE!

La Mauritanie, voilà un pays où certains ont réussi à usurper à leur propre profit notre bien commun, "LA MAURITANIÉ", et à partir de leur position de simples citoyens "bien nés", dictent pourtant aujourd´hui celui qui est Mauritanien et celui qui ne l´est pas. Ils définissent pour leurs propres concitoyens Noirs ce que veut dire la "Mauritanité".
La particularité de cette singulière dictée est dans sa manifestation concrète pendant les années de braise avec la déportation manu militari de plusieurs dizaines de milliers de leurs propres concitoyens au Sénégal et au Mali, l´exil forcé de centaines d´autres en Europe, en Afrique et en Amérique et l'épuration ethnique au sein de l'armée entre 1990/1991. L´enrôlement biométrique du Système vient de boucler la boucle de
l´extermination physique, civile et civique ou l'exclusion définitive des Négro-mauritaniens dans leur "Mauritanité" qui rime plus avec mauritude.
Les autorités mauritaniennes ne s'embrassent plus des couplets et de formules usités sans aucune conviction du style: " La Mauritanie, trait d'union entre l'Afrique noire et le monde arabe", " La Mauritanie, pays arabo- africain". " Nous sommes tous des musulmans, des frères et soeurs". Désormais le discours officiel et les pratiques quotidiennes à travers les nominations discriminatoires deviennent plus conformes à la réalité et à la politique officielle du pays.
N´avons-nous pas le droit de dénoncer ces injustices flagrantes sans être accusés injustement de "séparatistes" , d'extrémistes ou " de rebelles à l´unité nationale"! N´avons-nous pas le droit de penser la Mauritanie autrement, autre que cette politique raciste, assimilationniste, chauvine, ethno-génocidaires et aventuriste qui a montré ses limites?
Si tous les Mauritaniens sont officiellement musulmans, ils ne sont pas tous arabes. Le droit
d´exister et de vivre en tant que Mauritaniens ne peut passer avant celui d´être Soninké, Wolof, Haratine, Haal-pulaar, Arabe, Berbère, Bambara. Et tout ce qui concerne cette question doit-être constitutionnellement reconnu.
La Mauritanie n´est pas un Etat arabe à moins qu'elle ne veuille être un Etat raciste. La Mauritanie est arabo-berbère et négro-africaine voilà la réalité historique, politique, géographique et sociologique du pays.
Que ceux qui ont une mémoire courte sachent que La Mauritanie actuelle se situe sur les ruines du berceau impérial du Ghana et du Tekrour. Nos adeptes tropicaux de l´excroissance moyen-orientale du national socialisme nazi (baathisme) doivent réviser leurs doctrines et tirer des leçons sur la défaite de leur héros Sadolf Hutssein.
La Mauritanie de nos rêves c´est ce pays arc en ciel. La Mauritanie de nos rêves est cette cohabitation du « noir et du blanc de l´oeil » comme le disait bien le sage Deyloul. La Mauritanie de nos rêves, on ne le dira jamais assez , est un pays où le fait d´être arabe, noir, haratine, znega ne serait ipso-facto une condition rédhibitoire. C´est ce combat qui est le sens de notre lutte de toujours pour une cohabitation pacifique et juste.
Nous voulons d'une unité qui respecte la dignité de chaque Mauritanien et garantisse l'équilibre entre les grandes composantes nationales. En effet, la Mauritanie est condamnée à s´unir sans s´unifier en lieu et place de l´étouffante uniformisation assimilée à l´unité.
Le souci de consolidation de "l'unité nationale" dans le respect de nos diversités doit aller au-delà des déclarations d'intention. Il devra se traduire tant dans l'orientation politique générale de l'Etat que dans les actes concrêts du gouvernement. Ce qui, pour l'heure, tarde à se matérialiser.
Pour nous, sauver la Mauritanie ne passe pas forcément par l'imposition d'une langue, d'une unité coûte que coûte mais par la mise en place de fondements inébranlables parce que intrinsèquement justes et égalitaires. L'unité, en soi, n'est pas une fin mais un moyen pour construire" le mieux vivre ensemble", dans une Mauritanie viable parce que réconciliée avec elle même.
LA LUTTE CONTINUE.
Kaaw Touré.
Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’entale TOURE Kaaw’
Vous, Mariame Kane, Karim Gueye et 84 autres personnes
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